Le télétravail et sa pratique font l’objet de tous les fantasmes depuis mars 2020 à travers l’Europe. Les salariés et indépendants du monde entier ont en effet pu réaliser un test en masse durant plus de deux ans, avant de revenir progressivement au bureau ou dans un espace de travail décentralisé. Aujourd’hui l’avenir semble à l’hybridité des solutions et des espaces mais quelles normes la pratique du télétravail va-t-elle imposer ?
Le télétravail : à domicile et au bureau ?
Si aujourd’hui la confusion des mots est de moins en moins faite, il n’en fut pas toujours le cas. Longtemps assimilé au travail à domicile ou au home office, en raison notamment de son déploiement durant les périodes de confinement de la crise du covid, le télétravail regroupe pour autant toutes les formes de travail décentralisé.
Il peut ainsi s’exercer depuis le domicile, un café coworking, un espace de coworking, un Fab Lab, un tiers lieu… il est l’expression du travail hors les murs de l’entreprise.
Reconnu désormais pour la flexibilité qu’il offre à ses utilisateurs et pour la performance qu’il engendre, il se développe et se structure dans de nombreuses entreprises. Ainsi, nombreuses sont les sociétés qui encadrent cette nouvelle pratique et la propose à leurs collaborateurs. La norme établie à ce jour dans les chartes télétravail ou les accords collectifs serait de 2 jours par semaine en télétravail.
Une pratique peut être accentuée dans la capitale et les grandes métropoles régionales par les territoires et les collectivités qui y voient un bon moyen de réduire l’usage des transports individuels, notamment en heure de pointe, et de maîtriser les flux dans les transports en commun.
De plus, le Baromètre du Télétravail 2022 réalisé par Malakoff Humanis dévoile que la pratique du télétravail est aujourd’hui une tendance de fond puisque 58% des dirigeants d’entreprise se disent prêts à faciliter l’accès au télétravail pour leurs collaborateurs, même pour ceux désireux de changer de région, et 84% envisagent de le développer dans les mois et années à venir.
Ils sont également 69% à penser que le télétravail améliore la productivité des salariés et avouent à 81% qu’il correspond à une nouvelle réalité sociale, vectrice d’attraction et de fidélisation des salariés.
C’est donc tout naturellement que 63% des dirigeants pensent que cette organisation va continuer à se développer et à s’encadrer dans un futur proche.
Comment les entreprises aménagent leurs politiques RH et immobilières ?
En effet, si l’essor du travail à distance tend à se généraliser cela doit s’accompagner par de nouvelles mesures sociales, juridiques et organisationnelles.
Tout d’abord puisqu’il s’agit d’offrir ou à minima de s’assurer que les salariés peuvent bénéficier d’un environnement performant et propice à leurs activités. La connexion Wifi est à assurer ainsi que la mise à disposition d’outils performants permettant le travail à distance tout comme l’accès aux données de l’entreprise. De plus, ce mouvement n’est pas sans s’accompagner d’un volet formation pour permettre à toutes les forces vives de maîtriser ces outils digitaux, les aider à maintenir les échanges avec leurs équipes, leur apprendre à manager à distance… C’est toute l’approche du travail qu’il faut reconsidérer.
Du côté des entreprises, se pose aussi d’autres questions liées davantage à leur stratégie immobilière et à l’exploitation de leurs locaux : développer le télétravail engendre en effet un ratio de m² par collaborateur moins important pour l’entreprise. Comment alors repenser les espaces vacants ? Et repenser l’organisation même des espaces et leurs fonctions à l’aune de cette nouvelle ère ? Est-ce également l’occasion pour les entreprises de regrouper leurs différents effectifs aujourd’hui présents sur plusieurs sites ou à l’inverse d’exploser encore plus la dynamique immobilière au profit d’une décentralisation plus marquée ?
Les organisations sont aujourd’hui en train d’être repensées, et l’offre disponible permet aux utilisateurs d’avoir davantage le choix dans leur prise de décision. De plus, puisque l’on ne construit pas une stratégie immobilière sur une crise, même si le télétravail s’apparente plutôt à une tendance de fond, les entreprises se montrent encore frileuses à l’idée de passer vraiment le cap. Environ 20 à 30 % des espaces sont aujourd’hui pensés pour être flexibles et décentralisés dans les nouvelles stratégies immobilières de sorte à pouvoir répondre aux enjeux de chacun, mais tout en conservant des fondamentaux solides.
Vers l’apparition de nouvelles organisations du travail ?
Seul l’avenir pourra nous dira si de nouvelles organisations du travail verront encore le jour dans les années à venir. Aujourd’hui la seule certitude est que la tendance est à la flexibilisation du travail et à la création d’espaces hybrides et flexibles. L’utilisateur est véritablement remis au centre des préoccupations et son avis est recherché et pris en compte.
Les entreprises comme les centres de coworking cherchent désormais à mesurer l’impact des services et des surfaces et leurs usages. De nouveaux métiers et outils voient le jour, à l’instar du coworking manager, pour assurer un suivi régulier et la satisfaction des utilisateurs.
Les études ne sont pas encore riches sur le sujet, mais l’on sait cependant qu’un salarié satisfait de son environnement sera plus performant et qu’un utilisateur satisfait de son immeuble ne cherchera pas à en changer sans raison apparente, ce qui pour un propriétaire est également un point majeur.
L’avenir du télétravail sera ou ne sera pas ?
Si toute la littérature autour du télétravail est aujourd’hui très positive et prône un nouvel art de vivre, il ne faut pas minimiser le fait que les entreprises sont aussi désireuses de renouer le contact avec leurs salariés en les faisant revenir sur site, ou en les réunissant. Et qu’à l’inverse, les salariés ne dressent pas tous un bilan positif de leur expérience en home office. Le besoin de contact, le sentiment d’appartenance à une entreprise, et l’importance du travail en équipe sont aujourd’hui les principaux arguments avancés par ces derniers pour illustrer le fait de vouloir revenir en entreprise ou dans un espace de coworking.
Une étude du cabinet de conseil en aménagement par l’espace Génie des Lieux datant de 2022 dévoile que 81% des entreprises veulent faire revenir leurs collaborateurs au bureau en 2022, et 61% d’entre elles avouent même ne pas avoir consulté leurs collaborateurs dans la décision de les faire revenir au travail.
Alors à la question le télétravail sera-t-il une tendance durable ? Probablement, mais il tendra certainement à se structurer au profit des centres de coworking et de corpoworking au détriment du travail à domicile ou en café coworking. Le travail en équipe et la collaboration semblent clé pour les animaux sociaux que nous sommes.